Mots clés : Témoignage de Marlène Eyer - Apport théologique - Dave Bookless (A Rocha) - Organisation de deux conférences - Auto-évaluation et améliorations - LED - Achats responsables - Aliments régionaux - Produits écologiques pour le nettoyage - Affichage humoristiques - Hôtels à insectes - Encourager le dialogue

"Protéger l'environnement c'est aimer son prochain"

La protection de l'environnement est une préoccupation majeure pour Marlène Eyer, membre de l'église évangélique mennonite de Courgenay. Avec son mari Jean-Pierre, elle a encouragé sa communauté à rejoindre le programme EcoEglise. Découvrez son témoignage.

Article publié le 11 mai 2023 sur StopPauvreté, rédigé par Simon Rindlisbacher : https://stoppauvrete.ch/eco-eglise-courgenay/

Les églises doivent, elles aussi, assumer leur responsabilité en matière de protection de l’environnement. C’est ce que pense Marlène Eyer. Avec son mari Jean-Pierre, elle s’est engagée pour que l’église évangélique mennonite de Courgenay participe à EcoEglise. Grâce au programme d’Interaction, l’église devrait devenir plus respectueuse de l’environnement et prendre un nouvel élan.

Elle ne peut plus dire exactement quand le sujet est devenu important pour elle. En tout cas, elle n’a pas grandi avec, raconte Marlène Eyer. A un moment donné, elle a commencé à faire attention aux produits biologiques de la région lorsqu’elle achetait des aliments. « Je pense que nos enfants ont été un peu traumatisés par les aliments écologiques complets que je leur ai servis », dit-elle en riant rétrospectivement.

Au fil du temps, elle a ensuite organisé de plus en plus de facettes de sa vie dans le respect de l’environnement, même la maison dans laquelle elle vit avec son mari Jean-Pierre. Aujourd’hui, la protection de l’environnement est une préoccupation majeure de Marlène. Cette femme de Courgenay, âgée de 64 ans, est aujourd’hui grand-mère. Cela a encore renforcé sa motivation à s’engager dans ce domaine : elle veut laisser à ses petits-enfants un monde où il fait bon vivre.

La sauvegarde de la création et l’amour du prochain sont liés

En 2021, elle s’est rendue avec Jean-Pierre dans le sud de la France, au Domaine des Courmettes propriété d’A Rocha. Là, ils ont suivi un cours d’une semaine avec Dave Bookless, directeur théologique de l’association internationale qui regroupe différentes organisations de protection de l’environnement d’origine chrétienne. C’est lors de ce cours qu’ils ont compris à quel point la protection de l’environnement fait partie de la mission des chrétiens : « D’une part, il s’agit de la protection de la création, qui est un motif biblique important. Mais il s’agit aussi d’aimer son prochain », souligne Marlène. Et par « le prochain », elle entend à ce moment-là les habitants des pays du Sud. « Pour eux, le fait de nuire à l’environnement, par exemple en contribuant au réchauffement climatique, a des conséquences désastreuses ».

Les églises devraient s’occuper de la protection de l’environnement

Marlène et Jean-Pierre estiment aujourd’hui que la protection de l’environnement doit aussi être un thème dans nos églises. Depuis deux ans, ils s’engagent donc pour que leur église, l’église évangélique Mennonite de Courgenay, devienne plus respectueuse de l’environnement. Ils ont commencé par une soirée d’information sur ce thème. Ils ont engagé deux conférenciers et ont invité aussi toutes les autres églises de la région.

Peu après, ils ont proposé aux responsables de la communauté d’adhérer à EcoEglise en tant que communauté. Le programme aide les églises à assumer leur responsabilité vis-à-vis de la création. Il est géré par Interaction, l’association faîtière de 32 organisations chrétiennes de développement de Suisse, et fait partie de la campagne StopPauvreté.  « Lorsque nous avons voté sur notre proposition lors de l’assemblée générale, l’approbation a été très claire », raconte Marlène. L’écologie et la protection de l’environnement n’étaient des thèmes nouveaux pour personne, cela a certainement contribué à cette prise de conscience.

De l’auto-évaluation aux améliorations concrètes

Dans un premier temps, la communauté mennonite de Courgenay a dû remplir un questionnaire d’auto-évaluation en ligne. Un groupe de travail de trois personnes s’en est chargé. Le questionnaire a permis de déterminer la position exacte de la communauté en matière de protection de l’environnement dans cinq domaines d’action : l’enseignement et les célébrations, le bâtiment, le terrain, le mode de vie et l’engagement local et global. L’évaluation a montré qu’elle est en bonne voie dans trois domaines et qu’elle doit rattraper son retard dans deux autres. « Nous avons fixé des objectifs pour améliorer la situation », explique Marlène. Pour cela, EcoEglise a mis à disposition de nombreuses informations, des outils et des conseils pratiques.

Faire une différence

La communauté a obtenu de bons résultats dans le champ d’action « culte et enseignement ». « Le thème de la protection de l’environnement et de notre responsabilité envers la création est régulièrement abordé dans nos cultes », explique Marlène. Récemment, une prédication a même porté sur les conditions de production des noix de cajou – et sur le fait que l’on peut épargner beaucoup de souffrances dans le Sud en étant prêt à dépenser 1,15 franc de plus pour des noix de cajou certifiées bio et Fairtrade. Marlène trouve que de tels exemples sont bons, car ils montrent concrètement aux membres de la communauté comment ils peuvent faire une différence au quotidien.

En même temps, elle ne veut rien précipiter lorsqu’il s’agit du style de vie personnel, même si c’est l’un des domaines dans lesquels l’église a encore une marge de progression. L’important est que tous aient le temps de se familiariser avec le sujet. Il faut toujours aussi garder à l’esprit que certains aspects d’un mode de vie écologique ne sont pas à la portée de tous. « Un père de cinq enfants m’a récemment dit qu’ils ne pouvaient tout simplement pas se permettre d’acheter uniquement des produits certifiés bio, même s’ils le voulaient », constate Marlène.

Devenir un modèle

Sa stratégie consiste à aller de l’avant au niveau de la communauté et de l’établir comme modèle. Et là encore, il est important de fixer des objectifs réalistes. Ainsi, la communauté va examiner la possibilité de remplacer toutes les ampoules de la salle de réunion par des ampoules LED. De plus, elle souhaite utiliser autant que possible des aliments régionaux lors des manifestations communautaires et des produits écologiques pour le nettoyage. Et bientôt, les déchets devront également être triés de manière encore plus conséquente. « Nous allons travailler avec une affiche humoristique pour inciter tout le monde à participer », dit Marlène.

Enfin, la communauté a également l’intention d’installer des nichoirs pour les martinets sous la corniche de sa chapelle. En plus, il y a l’idée de transformer les alentours en un jardin communautaire. « Celui-ci pourrait par exemple être mis à la disposition des voisins ou des personnes issues de la migration », explique Marlène au sujet de ce projet.

Un nouvel élan

Toutefois, ces projets de grande envergure nécessitent des ressources, tant humaines que financières. Un défi pour la petite communauté. « Nous sommes peut-être 25 à 30 membres actifs », constate-t-elle. Malgré tout, et justement pour cette raison, elle espère qu’EcoEglise donnera un nouvel élan à la paroisse. Peut-être que l’atelier prévu, où les participants construiront ensemble des hôtels à insectes, y contribuera déjà. « Nous pouvons inviter un large public à un tel événement, même des personnes des environs qui ne sont pas encore membres », dit-elle. Cela créerait une nouvelle dynamique et peut-être que l’un ou l’autre resterait parce qu’il serait convaincu par l’engagement de la communauté.

Du dialogue et de l’endurance

Elle recommande aux autres paroisses qui pourraient envisager de lancer EcoEglise de commencer par bien s’informer : sur le thème et ensuite aussi concrètement sur la démarche. « De mon point de vue, il est ensuite essentiel que le dialogue soit au centre de tout le processus », dit-elle. Il ne s’agit pas d’imposer quelque chose à quelqu’un. Mais il est important de rester sur le sujet. « Pour moi, cela implique aussi de sensibiliser au rôle que nous pouvons jouer en tant que citoyens suisses », dit-elle.

Marlène prévoit par exemple d’informer sa communauté sur la votation du contre-projet à l’initiative pour les glaciers. Celle-ci aura lieu en juin. Le contre-projet veut amener la Suisse vers la neutralité carbone, la sécurité énergétique et l’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles. L’UDC a lancé un référendum contre ce texte. « Finalement, chacun peut décider lui-même de ce qu’il vote. Mais pour moi, il est important que les gens sachent exactement de quoi il s’agit et ce qui est en jeu », explique Marlène.